Grâce à l’aide de nombreux spéléos des environs, je me retrouve à pied d’œuvre le 4 août 2014, devant un petit siphon dans le réseau du Raymonde, près d’Arbas (31). Bien que situés à 1200 m d’altitude, ce siphon nécessite de la progression sur corde et l’utilisation de techniques de spéléo « classique » pour l’atteindre. Il a déjà été vu dans les années 80 par des plongeurs du Spéléo-Club Oxykarst, mais l’évolution des techniques en plongée souterraine permet d’espérer des avancées significatives.
Sitôt à pied d’œuvre, donc, les ennuis commencent. Avant d’arriver à ce siphon, il y a une bonne vingtaine de mètres de méandre « assez grand », tellement grand que je dois me déséquiper pour y progresser. Pas grave, les vaillants porteurs font la chaine. Je me rééquipe dans la vasque. Sauf que dans la vasque « assez grande », il y a tout juste de quoi tenir à genoux : ça promet ! Après un bon quart d’heure de contorsions diverses et variées je suis enfin prêt à partir, un peu en vrac quand même …
Le S1 de ce siphon est tel que les anciens me l’ont décrit : court et intime mais clair, il tourne à 90° vers la droite après le départ et ressort au bout de quelques mètres. L’intersiphon est un laminoir large (environ 2 mètres) dont la rivière occupe le fond sur une dizaine de cm. Pas assez haut pour que je progresse à quatre pattes, mais suffisamment pour être plus à l’aise. Après un nouveau virage à angle droit vers la gauche, le laminoir devient franchement confortable (environ 1 mètre de haut). Il s’arrête brutalement 5 mètres après le virage, c’est le début du S2.
La morphologie change alors du tout au tout. Le S2 est plus ou moins vertical, il a la forme d’une lentille aplatie, large (2 mètres ou plus), mais bien pincée avec moins de 50 cm au point le plus large. Pour moi c’est trop juste ! Je m’engage pieds en premier, mais ça frotte de partout : les palmes, les blocs, le casque … et le fil qui prend un malin plaisir à se coincer dans les endroits les plus étroits. Pour couronner le tout, les parois sont couvertes d’argile ! Les volutes soulevées par les palmes rejoignent l’argile qui tombe d’en haut, décroché par les bulles. Visi zéro dans une étroiture verticale, avec le fil qui envoi dans une mauvaise direction, ça laisse songeur sur la sortie …
Je ressors et attends quelques minutes, histoire de laisser le siphon se nettoyer un peu, puis je retente ma chance. Qui sait, ça s’élargit peut être un peu plus bas ? -1, -2, -3 m, il faut batailler pour gagner chaque centimètre. Non, décidemment, rien à faire. Plus on s’enfonce, plus les chances de ressortir du S2 se réduisent … Une troisième tentative n’apportera pas de meilleure solution. Il est temps d’avouer l’échec et de revenir au point de départ.
Il est toujours intéressant de revoir les siphons « des anciens », cela réserve souvent de bonnes surprises. Hélas, parfois, comme aujourd’hui, on ne peut que constater que malgré les progrès de la disciple, certain passages demeurent encore infranchissables. Dure et salutaire leçon d’humilité !
Un grand merci à tous les porteurs qui ont participés à cette aventure, hélas infructueuse : Oxykarst, SC Epia, Sc Comminges, Crapouillaux.