Bonjour ! Je m’appelle Guy, et je suis revenu de Niolon !!! Et je vais vous raconter comment je l’ai vécu, comme stagiaire MF2 !!!
Samedi 06 Septembre 2014...
14h00 départ de la maison pour 5 h de route vers Niolon. Depuis un an, je m’entraîne avec le club de Lourdes OK mais pas assez. J’ai lu des livres et des magazines pour approfondir mes connaissances, mais je ne retiens rien. J’ai refait les annales depuis 5 ans avec les corrections, une fois juste, une fois pas trop faux, une fois à côté de la plaque…
Je ne veux pas y aller, mais je me suis inscris avec un ami qui part avec moi, je ne peux pas me dégonfler.
Je n’ai jamais angoissé comme ça, même pour le bac il y a 30 ans. Je jure que c’est la toute dernière fois… Et puis toutes ces âneries qu’on raconte sur ces INs qui ne passent rien, qui t’engueulent pour un rien, qui ont été formés avec les commandos marines, bref des brutes sanguinaires sans empathie… Il y a peut-être un fond de vérité, puisque certaines rumeurs le colportent.
Certes le stage initial à Toulouse était super avec des IN qui m’ont donné envie, mais qui sait ? C’était peut-être un coup de bol incroyable … Non je ne veux pas y aller...
Allez, c’est parti !
Arrivée au centre UCPA de Niolon, 19h30, personne pour nous accueillir, mais c’est normal vu l’heure, on trouve la liste des candidats et des IN, on ne sera pas loin de 40 avec une vingtaine d’instructeurs, je lis les noms, qu’est-ce que je fais là ? J’en connais qu’un sur les 20, il est sympa, reste 19 brutes sanguinaires, sglups !! Au moins mon nom est inscrit et j’ai une chambre !
Nous partons diner à la canne bambou, resto (bar à rhum plutot !) à 20 m du centre, on se détend comme on peut, c’est-à-dire…pas. On retourne à notre chambre, un troisième occupant est là, déjà au lit à 22h00 ! « Bonjour, je suppose que tu es là pour les mêmes raisons que nous, en stage final MF2 ? », « Oui, bien sûr… » « Bonne nuit ». Tu parles, il fait chaud, et la patrouille aérienne locale, des moustiques gros comme des B52, survolent la zone : mon lit. J’entends les baffes de mes camarades de chambrée, la nuit va être longue… Si on se met à l’eau demain, je me pose au fond et je dors !
Dimanche 07 Septembre 2014
7h00 Debout, après une nuit sans sommeil et au combat contre les moustiques, nous arrivons au self, il y a déjà du monde qui attend, des bonjours timorés, petit déj et on se retrouve en salle pour le début du stage. Les candidats assis sagement, les IN se présentent…marrant, ils ont l’air humain.
Ils précisent qu’à notre égard il n’y a que de la bienveillance, c’est déjà ça. La matinée file sur la présentation des équipes UCPA et FFESSM et les sujets d’intendance. On nous offre un apéro d’accueil, c’est sympathique. On se croirait presque en vacances, s’il n’y avait pas tout ce programme à se farcir !
Retour au self pour un déjeuner sans histoire, J’observe tous ces stagiaires qui m’ont l’air affutés comme des rasoirs, qui savent sûrement tout. Et moi ? Je ne suis même plus certain de savoir enfiler mes palmes.
Et nous revoilà en salle pour les explications sur l’organisation du stage et de l’examen. Les instructeurs annoncent : « Posez vos questions, nous ferons des séances de réponses le soir… », mais, mais… ils veulent nous aider ! La 1ère journée se passe cool, je suis toujours sec et nous avons trouvé l’épicerie pour acheter une bombe anti-moustique, une prise anti-moustique et de la citronnelle à mettre sur les vêtements, ce soir ça va saigner…mais pas moi !
Lundi 08 Septembre 2014
1ère épreuve, en entrainement, mannequin…et si je n’y arrive pas ? les IN nous expliquent l’atelier, je connais l’épreuve, comme tous mes compagnons, mais j’écoute attentivement, s’agit pas de louper une bouée et qui sait, si des fois ils nous tenaient le mannequin en surface pour aider un peu.
Me voilà à l’eau, tiens, c’est comme à la maison, je sais le faire, je regarde vers le fond et…waouaw je vois le mannequin, ça me change de l’atlantique, ici on voit clair et l’eau est « chaude » 22°C. Je fais le parcours, je vais chercher ce bout de plastique au fond, je finis en vérifiant mon cap, c’est presque facile. Une fois sur le quai, l’IN me débriefe : « N°X, blablabla…ça donnerait environ 15/20 », sglups, si je fais ça à l’examen, je ramasse des points, et j’ai pas forcé, je craignais un maximum et me voilà gonflé à bloc…c’est jouable !
Après-midi, première répétition en pédagogie organisationnelle. 20 min à préparer mon sujet, je me colle au tableau, je commence, j’écris 3 mots…STOP, ça fait 10 min… j’ai à peine commencé à effleurer le sujet, la bienveillance commence : « bon, recules-toi, regardes le tableau, alors ?? », « ben je débute à peine mon sujet… », « Nous sommes d’accord, alors expliques-moi pourquoi gnagnagna et gnagnagna ? » bref, sans agressivité, l’IN me décortique comme une crevette rose à l’apéro… Va falloir revoir les réglages d’ici l’examen !
Le soir, pour se détendre, petit 1500m PMT, « vous voyez le bateau ? »… « Non ! » … « Bien vous y allez et vous revenez, ne vous trompez pas de calanque au retour ! » Je pars, je finis par voir le bateau, je garde le cap impeccable, je touche la coque, ½ tour et…soleil dans les yeux, je discerne à peine la cote, je repars au jugé… je m’arrête 3 fois pour sortir la tête de l’eau et voir où sont les autres nageurs et aller dans la même direction… finalement je finis par distinguer le quai du départ…ouf. Il faudra que je cale mes amers pour l’examen !
La semaine passe ainsi,
Les épreuves dans l’eau, j’y arrive, j’ai des repères, je passe la RSE30, l’apnée 15m, je suis même meilleur que je ne le pense, je m’autoévalue à 00/20 pour le 1000m capelé, en fait j’ai 01/20… C’est jouable, mais ce n’est quand même pas gagné ! Les épreuves de pédagogie. En situation d’examen, les IN me passent à la question mais ne sont pas agressifs, je sens même que quand je tiens le bon bout, ils me titillent pour voir ce qu’il y a sous le capot… je passe autant que je le peux au tableau selon leurs conseils, pas facile de se faire jauger (je n’ai pas dit juger), un coup bien, un coup nul… on verra à l’examen !
On ne dort pas bien, le petit vélo tourne dans la tête et ne s’arrête jamais, je suis fatigué, les séances de réponses à nos questions se terminent à 22h30-23h00, le contenu est bien, les présentations sont claires mais la vache…que les journées sont longues !
Nous voilà Vendredi, entre stagiaires on se parle, ils sont sympa tous ces candidats qui ont des difficultés ou des craintes, je ne suis pas seul ! L’entraide se met en place, les stratégies de révision, de lecture de sujet, les mises en condition avant épreuves dans l’eau.
Ah au fait, les brutes sanguinaires ne sont pas là, coup de bol incroyable à nouveau, les INs nous parlent et nous conseillent, il y a même des petits clins d’œil encourageants en se croisant au réfectoire ou dans les allées.
Vendredi 12 Septembre 2014 après-midi
le président de la fédé, Jean-Louis Blanchard passe nous voir pour nous parler. Il se dit ouvert à tout type de question sans tabou. On commence à être un groupe un peu en confiance et c’est parti pour des questions directes. Jean-Louis répond avec passion… tiens, encore un passionné !
Samedi 13 Septembre 2014
Repos, resto et promenade, on vide l’esprit et on se dit que c’est dur mais finalement accessible. On se motive, qui sait, peut-être de la chance au tirage des sujets. La météo est avec nous mais devrait se dégrader à partir de Mercredi, m… pile au moment où on commencera les épreuves dans l’eau… Et le vélo se remet à tourner dans la caboche…on verra bien, en attendant il fait beau.
Dimanche 14 Septembre 2014
Début de l’examen : mannequin comme dimanche dernier, mais pour de vrai ! « Appuis sur tes palmes, mais pas trop, ne pas se griller, ventile bien, ralentis avant l’apnée, allez c’est parti, il est là, il te tend les bras, je n’ai plus d’air mais encore 2 coups de palmes et je t’attrape mon gaillard, je remonte avec mon bébé en plastique dans les bras, je ne le lâcherai plus…ah oui, signe de détresse, allonges toi et nages, regardes la bouée, elle n’est pas loin, touchée, demi-tour, c’est bientôt fini, envoies la purée, la bouée d’arrivée, je touche c’est fini !! »
Je m’allonge sur le dos pour récupérer et je sens dans mon dos une main qui me soutient… Je retourne mes 1m90 et 100kg et je vois Séb, encore plus grand que moi qui me dit « ce n’est pas parce qu’on est grand et costaud qu’on n’aime pas se faire aider… », J’acquiesce bien volontiers et me remet sur le dos en toute confiance, porté par mon ange palmé. Nous en ferons un petit rituel en nous serrant dans les bras l’un de l’autre avant chaque épreuve ! Quand je pense qu’on m’avait dit « tu verras, les stagiaires, c’est chacun pour soi… » !
Après-midi en salle pour la théorie anat physio. Je ne le crois pas : un par table, papier officiel d’examen, avec nom couvert pour évaluation anonyme… me voilà revenu au baccalauréat, l’ambiance est tendue et on entend les moustiques voler !
Après une petite pause, RSE 30 m, histoire de profiter de la météo clémente. L’épreuve et l’organisation est décrite sans faille, on l’a connait mais ça rassure toujours de savoir qu’on sait ! Mise à l’eau, on m’appelle, je descends avec mon IN évaluateur, je médite : « tranquille, ventile, cool relax, bref soit prêt à la remontée, tu seras seul, même pas un embout avec toi ! » Signe OK tu remontes, je retire mon détendeur, je lâche quelques bulles et j’attends 2 sec, une éternité, il parait que ça rapporte des points… Je pars tonique, puis je ralentis, 22m, Je lâche des bulles, 17m, 15 m je n’en peux plus je veux tout souffler, « tu es en exam, lâche quelques bulles », 12 m « je ne vais pas reprendre le détendeur mais j’en ai bougrement envie », 9 m « on s’approche du palier, tu ne vas pas craquer maintenant, c’est l’examen… », 7m « le palier est juste au-dessus, aller encore une petit peu », 5m « je suis dans la zone, mais pas le moment de tout foutre en l’air, attends ! », 4 m « souffle tout mon gars, t’es arrivé, oui mais il faut encore faire le 360 et j’aimerais bien reprendre ce foutu détendeur qui ne sert à rien dans la main », je tourne sur moi-même et je revois mon IN « ah tiens il est là lui ! », je reprends mon détendeur, coup d’œil sur l’ordi 3m50 « et hop une de plus en moins », autre rituel qui s’installe après chaque épreuve !
Retour au quai, heureux, mais il y a encore une épreuve de théorie sur règlementation à 20h30 pour 45 min, histoire de caser toutes les théories en 2 jours et libérer les candidats qui ne repassent que cette épreuve. M’en fous, j’ai même plus peur !
Lundi 15 Septembre 2014
Journée intellectuelle, je ne mettrai pas une palme à l’eau, on passe les théories avec la même ambiance de lycéens que la veille… Mais il y a la première péda… je tire le sujet, impeccable, c’est le meilleur du monde…puisque c’est le mien. J’ai les connaissances, j’ai même déjà donné le cours en vrai 3 ou 4 fois, je prépare mon brouillon… je regarde mon œuvre : bof ! On m’appelle, j’entre dans la salle. 2 IN sont là, je les connais, ils ne sont pas sanguinaires… normalement.
Je démarre mon speech, silence de mort pendant 20 min, je n’arriverais pas à tout dire, viennent les questions, ils ont écouté, ils m’interrogent sur ma démarche et me guide vers ce que je n’ai pas dit, Grrr, je bave quelques explications…tant pis j’avoue, mais pas sous la torture, je n’ai pas eu le temps, j’aurais dû dire ceci et pas cela, mais pas la peine de les prendre pour les perdreaux de l’année…sont quand même IN !
L’intensité de l’examen va décrescendo, beaucoup d’épreuves au début de semaine et je finis « en douceur » avec une ou deux épreuves par jour, l’ambiance se détend, chacun y va de ce qu’il a loupé ou réussi, mais il est vrai qu’on ne sait pas s’autoévaluer. La bonne nouvelle est que tous les stagiaires sont apparemment dans la même misère, et à chaque fois « une de plus en moins… ».
Arrive le Jeudi soir. Les épreuves sont finies pour tous, un repas spécial nous est servi, avec une grande table en carré où stagiaires et INs se retrouvent à table. Ca trinque (modérément), ça rit, ça échange. On croirait un mariage, mais qui sont les mariés ?? la plongée et nous, c’est bien une histoire passionnelle non ?
Vendredi 14 Septembre 2014
En attendant l’annonce des résultats prévue à 12h00, je pars faire une plongée explo avec 4 autres stagiaires. Marrant comme le DP nous parle comme si on était autonomes et qu’on savait ce qu’on faisait. Raisonnables, on se fait une 40 et on sort de l’eau 40 min plus tard sans avoir eu de déco… c’est vrai qu’on doit bien avoir quelques compétences de plongeurs maintenant !
11h30 Me voilà propre sur moi, c’est-à-dire paré de mon joli T-shirt sur lequel est écrit « Moniteur Fédéral 2ème degré 2014 – promotion Henry Delauze »… si seulement c’était vrai, mais pour l’instant, on trépigne, l’aura, l’aura pas ?
12h00 Jo Vrijens est là, avec le président et des tas de gens importants que je ne connais pas. Ça a l’air sérieux cette remise de diplômes pour qu’il y ait tout ce tralala ! Le major et la majorette sont appelés, bravo à eux, ils l’ont bien mérité… mais et moi, et si je ne l’avais pas ? Patience, les lauréats sont appelés, tout à tour, finalement j’entends mon prénom, mais qui sait il y en a peut-être un autre, puis mon nom ! Ma quête se termine, j’ai trouvé le graal !
Applaudissements, remerciements, je signe la charte du moniteur 2ème degré, je retourne dans la salle avec mon joli diplôme tout neuf. Je suis la cérémonie, je vois les filles pleurer à l’annonce de leur nom. Je vois des amis qui ne sont pas appelés ou qui n’ont que des groupes d’épreuves, je suis heureux pour moi, mais je suis triste pour eux. Que dire, que faire… après tout ils pourront, non, ils doivent revenir…
Je remercie tous les INs qui passent à ma portée, ils sont charmants, souriants, contents pour nous, ça leur rappelle leur propre MF2. Elles sont quand même très sympathiques toutes ces brutes sanguinaires de nous avoir amené là ! Et j’espère être devenu un de leurs amis !
Je dis au revoir à tous mes nouveaux copains, INs, MF2 reçus ou en devenir. Je monte dans la voiture et je repars pour 5h de route vers mon Subaquaclub lourdais, avec sur le dos un T-Shirt sur lequel tout le monde peut lire : « Moniteur Fédéral 2ème degré 2014 – Promotion Henry Delauze »… Je suis fier !